Un SOS à la lampe frontale permet de secourir un alpiniste blessé sur le mont Rainier

Au cœur de la nuit et à plus de la moitié de l’ascension du Mont Rainier, Jaden Stewart et ses deux compagnons ont remarqué une lumière clignotant de l’autre côté de la ligne de crête. Ils ont poursuivi leur expédition avec une alerte SOS inReach® et un sauvetage de 10 heures. Il a raconté cette histoire à Garmin.

Nous sommes arrivés au poste des gardes forestiers à 7 h 30 pour récupérer notre permis de randonnée, impatients de nous mettre en route. Nous avions prévu d’escalader le Mont Rainier par Ptarmigan Ridge, un itinéraire plus technique qui escalade le versant nord-ouest de la montagne. L’itinéraire commence à White River, comporte deux grandes traversées sur glacier avant de s’élever subitement le long de pentes enneigées, offrant la possibilité de faire de l’escalade technique sur roche ou sur glace. Alors que nous discutions de l’itinéraire et de notre préparation avec les gardes forestiers, nous avons été informés qu’un autre groupe tentait l’ascension et avait commencé la veille. Très vite, nous avons fait nos bagages et sommes partis sur le sentier.

Après avoir parcouru 16 kilomètres, franchi les deux sections sur glacier et grimpé un dénivelé de 2 000 mètres, nous avons finalement atteint le camp en altitude. Nous avons commencé à faire fondre la neige pour l’utiliser comme eau potable et pour réhydrater nos dîners. Il était temps de se pencher sur la partie technique de l’itinéraire : la première partie de l’ascension consiste en une traversée sous un sérac avec un fort potentiel de chutes de pierres et de glace. Pendant le repas, nous avons vu des rochers tomber sur la façade et de grandes parties du sérac dévaler les pentes, se brisant en petits morceaux. Le froid s’installant, nous avons rapidement rangé toutes nos affaires avant de nous glisser dans nos sacs de couchage pour la nuit. Nous avons vérifié une dernière fois la météo à l’aide de notre appareil de communication par satellite Garmin inReach. La météo n’annonçant pas de mauvais temps, nous avons pu nous reposer à la belle étoile pour cette courte nuit.

À 1 h du matin, ma montre Garmin fēnix ®  s’est mise à sonner et vibrer, ce qui m’a agacé jusqu’à ce que je me souvienne que j’avais fait plus de la moitié de l’ascension du mont Rainier. Je me suis lentement réveillé, rechignant à quitter la chaleur de mon sac de couchage. Il faisait si froid que j’ai pris mon petit-déjeuner et me suis changé sans même sortir la moindre partie de mon corps du sac de couchage. Nous étions tous debout et nous nous activions dans une faible lumière quand, soudain, nous avons remarqué quelque chose : une lampe frontale sur Ptarmigan Ridge.

Immédiatement, nous avons redouté que quelque chose ne soit arrivé au groupe qui nous précédait. Voir une seule lampe frontale fait vite imaginer le pire. Même si le groupe avait tout simplement pu reporter son excursion, nous avons immédiatement su qu’il fallait nous diriger vers l’individu et essayer d’établir le contact, au cas où. Malheureusement, le vent soufflant fort, il n’y avait aucun moyen de contacter la personne à cette distance. Nous nous sommes donc empressés de lever le camp, de nous encorder et de commencer à franchir la première ligne de crête technique.

De temps en temps, nous avons jeté un coup d’œil par-dessus la crête pour voir où se trouvait l’individu. Il a fini par lancer des signaux SOS avec sa lampe frontale. Le doute n’était plus permis, il y avait eu un accident. Il n’était plus question d’escalade, mais plutôt de sauvetage.

Nous avons observé que la personne ne bougeait pas et, après discussion, nous avons décidé que déclencher un SOS sur l’inReach Mini était la meilleure solution. À ce moment de la matinée, il n’y avait rien d’autre à faire que de s’asseoir et d’attendre. Une fois le soleil levé, nous serions en mesure d’examiner la scène, mais nous nous sommes approchés aussi près que possible sans mettre nos vies en danger, juste assez pour contacter la personne entre deux rafales de vent. 

Il était difficile de communiquer de loin, mais nous avons pu obtenir quelques informations de base : la personne était seule et ne pouvait pas se déplacer parce qu’elle avait une jambe cassée. Nous lui avons confirmé que nous avions contacté les secours. Tous les trois, nous avons discuté des options possibles alors que la faible luminosité commençait à dévoiler les pentes couvertes d’éboulis devant nous. S’il fallait aider cette personne, il fallait le faire le plus tôt possible afin de ne pas mettre nos propres vies en danger. Après une nouvelle discussion, nous avons décidé de nous rapprocher de la personne et d’examiner la scène plus en détail. Alors que le soleil montait dans le ciel et éclairait le chemin en contrebas, nous nous sommes mis en route.

Nous nous sommes présentés et avons immédiatement commencé à interroger la personne tout en examinant la scène. Son compagnon était déjà parti chercher de l’aide. Apparemment, la personne avait pris un rocher sur la jambe en escaladant une paroi, qui lui a fracturé le tibia et le péroné et laissé une plaie ouverte. Nous avons évalué la blessure, mais tout était solidement attaché avec un matelas de couchage et une attelle faite à partir d’un piquet de neige. Aucun saignement n’étant visible, nous avons estimé qu’il valait mieux ne pas défaire le pansement. La meilleure solution était de garder la personne au chaud et de la déplacer vers un endroit sûr pour que les sauveteurs puissent l’évacuer.

Deux d’entre nous l’ont soulevé par-dessus nos épaules, en faisant le maximum pour ne pas faire bouger sa jambe blessée. Le troisième a mis tout son équipement dans un sac et a pris à la main tout ce qui n’y rentrait pas. Déplacer la personne sur 200 mètres, un peu plus haut, en dehors de la zone d’éboulis, nous a semblé une éternité, mais nous nous sommes tous retrouvés dans un lieu plus sûr, quoique toujours à risque. Il était primordial de mettre le blessé dans un sac de couchage. Nous avons rapidement sorti notre bivouac d’urgence pour tenter de le garder au chaud. Nous avons également fait chauffer du thé pour qu’il le boive et le garde contre lui tout en restant dans le sac de couchage.

Le monde est petit : nous nous connaissions tous, d’une manière ou d’une autre, de chez nous. Il nous a raconté la série d’événements qui l’ont conduit à cette situation. Lui et son compagnon de randonnée avaient apparemment découvert que remonter l’itinéraire prévu les exposerait à un danger d’éboulement. En discutant de ce sujet, ils ont mentionné avoir vu des chutes de pierres et de neige sur l’itinéraire. Comme le danger était évident, ils ont choisi d’essayer de couper cette section de l’itinéraire – en traçant leur propre chemin. Peu après le début de l’ascension, un rocher s’est détaché et est tombé sur sa jambe.

Son partenaire ayant une formation médicale, il a pu arrêter l’hémorragie et immobiliser la jambe avec un piquet de neige. Il n’a toutefois pas pu déplacer le blessé et a finalement décidé de redescendre pour aller chercher de l’aide. Nous avons appris par la suite que le partenaire avait eu des problèmes en descendant de la montagne, ce qui lui a demandé plus de temps pour retrouver une zone habitée. Il était évident que l’individu avait de la chance que nous soyons arrivés avant que son partenaire n’ait pu trouver de l’aide.

Il n’y avait pas grand-chose à faire à ce stade, à part attendre les secours. J’avais reçu une confirmation par message inReach que l’équipe de recherche et de sauvetage faisait tout son possible pour envoyer un hélicoptère, mais qu’elle avait du mal à trouver quelqu’un qui puisse voler par ce temps. Même si le ciel était dégagé, le vent soufflait toujours à une vitesse estimée à 50 km/h. Tout le monde fermait les yeux pour se reposer, mais, pour ma part, je suis resté éveillé pour m’assurer de répondre rapidement aux messages inReach qu’on m’envoyait. Enfin, j’ai reçu un message confirmant qu’un hélicoptère militaire était en route.

À 13 heures, nous avons entendu faiblement les pales, au loin, alors que la silhouette d’un hélicoptère Chinook perçait l’horizon. Le bruit fort du Chinook nous a fait trembler. Il a fallu du temps à l’appareil pour examiner la zone et déterminer s’il pouvait atterrir. Finalement, deux personnes sont descendues de l’hélicoptère pour examiner le blesser et commencer le sauvetage. Rapidement, l’hélicoptère est revenu pour récupérer la personne et les sauveteurs. Cependant, nous n’avons pas eu droit à un tour gratuit pour quitter la montagne. À cause des vents violents, il était beaucoup trop dangereux de nous emmener avec eux.

Nous nous sommes éloignés alors que l’hélicoptère revenait, planant au-dessus de nos têtes et projetant des éclats de glace sur nos visages depuis le sol. Nous avons regardé le dernier sauveteur remonter dans le ventre de la bête et, d’un seul coup, le silence s’est installé. Nous étions à nouveau seuls sur le rocher vide, mais nous étions épuisés alors que plusieurs heures de marche nous attendaient. Nous avons rapidement rangé nos affaires car le temps était compté : il fallait retourner aux voitures avant que la nuit ne tombe.

Alors que nous approchions du glacier, un épais brouillard descendant la montagne nous a plongés dans un abîme blanc. Il était très difficile de voir la personne qui se trouvait devant moi, et j’avais l’impression d’être dans un paysage aride, d’avoir perdu le sens de l’orientation, sans aucun point de repère pour traverser le glacier. De plus, la batterie de mon téléphone était vide : impossible de sortir la carte que j’avais téléchargée. Heureusement, mes partenaires avaient téléchargé la même carte et ont pu nous aider à avancer. J’avais aussi la chance d’avoir ma montre fēnix, qui indiquait ma localisation et affichait des cartes. Dans le pire des cas, la montre aurait suffi à nous garder sur la bonne voie.

Au fur et à mesure de notre progression, mes idées se brouillaient. Je me contentais de mettre un pied devant l’autre et de suivre la ligne qui me tirait par la taille. Je me demandais si nous arriverions un jour de l’autre côté ou si nous verrions une autre couleur que du blanc. Lentement, lourdement, nous avons marché jusqu’à ce que la crête apparaisse enfin. Les sections sur les glaciers étaient maintenant derrière nous et nous arrivions dans un environnement plus sûr. Il n’était plus nécessaire de porter des crampons et nous savions que l’énorme étendue de neige face à nous menait directement au sentier en contrebas. Alignés et prêts à partir, nous avons tous commencé à descendre la montagne, glissant sur nos fesses en utilisant les piolets comme gouvernail pour nous diriger : une façon beaucoup plus rapide de descendre. Le chemin de terre prenait encore du temps, mais à chaque pas, je savais que j’étais presque de retour.

Finalement, nous voyions de plus en plus de personnes et très vite, même quelques voitures. Nous avions enfin réussi et l’aventure était maintenant terminée. Bien sûr, nous devions encore conduire jusqu’à la ville la plus proche pour y rester. Finalement, nous avons dormi dans la voiture sans réussir à trouver un hébergement, mais après être restés éveillés pendant 24 heures, c’est l’une des meilleures nuits que j’aie jamais faites.

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