La coureuse olympique Alexi Pappas parle de santé mentale : « Votre cerveau est une partie du corps »

L’athlète sponsorisée par Garmin espère que son expérience contribuera à sensibiliser l’opinion publique à la question des athlètes et de la dépression.

Alexi Pappas n’arrivait pas à dormir. Elle venait de participer aux Jeux olympiques de 2016 à Rio (établissant un record national pour le 10 kilomètres pour la Grèce avec un temps de 31:36), et elle couvrait déjà près de 200 kilomètres par semaine dans le cadre d’un nouveau programme d’entraînement en haute altitude. Elle avait toutes les raisons du monde d’être fatiguée. Mais elle ne dormait, en moyenne, qu’une heure par nuit.

C’était le premier signe, explique Alexi, que quelque chose couvait en elle. Un symptôme physique de ce qu’on allait finalement diagnostiquer comme un trouble mental : la dépression. Et pourtant, malgré la surveillance constante de la santé physique, qui est devenue la norme pour les athlètes, Alexi n’avait aucun outil dans son arsenal pour identifier ce qui commençait à se produire dans son cerveau. Elle ne savait pas qu’en ne pouvant pas s’endormir, son système nerveux lui envoyait un signal important – elle l’a donc ignoré.

Aujourd’hui, des années plus tard, Alexi a réussi à soigner et gérer sa dépression. Elle a quitté cette période sombre forte d’une compréhension approfondie de la santé mentale, qu’elle partage avec les autres. Dans une vidéo d’opinion, publiée récemment dans le New York Times, elle appelait à insister davantage sur la santé mentale dans le sport professionnel – son message est rapidement devenu viral. Elle prévoit de poursuivre sur cette lancée avec la sortie de son livre, Bravey: Chasing Dreams, Befriending Pain, and Other Big Ideas, édité par Random House, en janvier.

En attendant, l’athlète sponsorisée par Garmin partage son expérience (et ses conseils) avec tous ceux qui sont prêts à l’écouter. « Le cerveau, dit-elle, est une partie du corps ». C’est aussi simple que cela. Pour approfondir la discussion sur la santé mentale, il va falloir redéfinir la manière dont nous concevons notre cerveau.

Écoutez votre corps.

Certains problèmes peuvent commencer avec de petits signes, comme ne pas bien dormir une nuit ou deux, puis entraîner des réactions en chaîne et des complications plus graves.

« Ce n’est pas un hasard si l’on dit ‘s’endormir’, dit Alexi. Il faut se laisser faire, et non pas faire en sorte que ça arrive. Moi, j’essayais de faire en sorte que ça arrive et je n’ai pas compris que c’était un signal d’alerte. J’essayais de m’entraîner sur 200 kilomètres par semaine avec une heure de sommeil ; c’est complètement dingue ». Parfois, bien sûr, vous passez une mauvaise nuit. Vous buvez une tasse de café supplémentaire le matin, et ce n’est pas grave. Mais si quelque chose vous empêche de dormir en permanence, ne l’ignorez pas, dit-elle.

Votre système nerveux a d’autres moyens de vous faire savoir que quelque chose ne va pas. Selon Alexi, une simple éruption cutanée inhabituelle peut parfois suffire : c’est juste un petit signe que votre cerveau est surmené, et que vous devriez peut-être faire une pause pour voir si vous n’avez pas légèrement dépassé vos limites.

Si vous le pouvez, demandez activement de l’aide.

Nous ne pouvons pas toujours voir le problème nous-mêmes. « Dans mon cas, il a fallu que quelqu’un d’autre le voie, dit Alexi. Je n’étais même pas (présente) quand je voyais mon père. J’essayais d’accélérer alors que j’aurais dû ralentir, et je pense qu’il a remarqué que je filais à un million de kilomètres à l’heure alors que j’avais probablement besoin de faire une pause. Et je pense que s’il y a un message essentiel pour les gens, c’est celui-là. Je ne savais pas. Maintenant, cela semble si évident, mais je n’avais pas ce vocabulaire, pas du tout. Alors j’accélérais au lieu de ralentir, et je pense qu’il l’a remarqué au téléphone. Il me demandait : ‘Que se passe-t-il ? Qu’est-ce que tu fais ? Qu’as-tu derrière la tête ?’ ».

La mère d’Alexi s’est suicidée quand Alexi était jeune. Lorsqu’elle a commencé à montrer des signes de dépression, son père a pu comprendre qu’elle avait besoin d’aide. Alors qu’Alexi était encore dans le déni, lui et son frère ont pris rendez-vous pour elle chez un professionnel de la santé mentale.

« Je ne pense pas que j’étais prête à demander de l’aide à l’époque, et je suis vraiment reconnaissante qu’ils l’aient fait, dit-elle. Mais qu’en est-il des gens qui n’ont pas un père comme le mien ? Ou qui n’ont pas l’expérience ? Que sont-ils censés faire ? Notre société doit s’en réjouir. La comparaison entre la santé physique et la santé mentale me paraît tellement logique. Si je l’avais su plus tôt, j’aurais probablement davantage pris les devants ».

La guérison ne se fera pas du jour au lendemain.

Elle ne sera peut-être pas linéaire non plus. Bien que cela puisse paraître drôle au premier abord, Alexi compare son processus à celui d’une mijoteuse. « Prenons l’exemple de l’entraînement olympique. Vous avalez vos kilomètres, vous soignez votre sommeil, votre alimentation. Tout y passe, et cela va prendre beaucoup de temps. Vous allez travailler tous les jours et peut-être que votre entraînement ne portera ses fruits qu’à la fin, quand vous servirez la soupe ».

« Dans ce scénario, je me vois comme un genre de [mijoteuse], dans le sens où je n’étais pas exactement sûre des ingrédients et des proportions. On ne sait jamais ce qui, dans l’entraînement physique, vous a fait passer à la vitesse supérieure. De même, je ne savais pas exactement quelle combinaison d’ingrédients allait m’aider, mais je savais que si je n’essayais pas de les mettre dans la mijoteuse et de leur donner le temps de faire effet… ».

Le médecin d’Alexi lui a dit qu’elle pourrait être triste tous les jours pendant très longtemps. Ce n’est pas le cas pour tout le monde, mais sa dépression était à haut risque, dit-elle.

« On m’a dit que je me sentirais triste tous les jours pendant très longtemps, et que cela ne voulait pas dire que ça ne marchait pas. J’ai donc été moins surprise de ne pas me sentir mieux du jour au lendemain, et une fois que je l’ai accepté, j’ai arrêté de me sentir blessée par mes propres émotions et j’ai commencé à me concentrer sur mes actions. Parce que ce sont vos actions qui changent vos pensées, et ce sont vos pensées qui changent vos émotions. Donc, pour faire simple, ce sont vos émotions qui vont changer en dernier ».

Approfondissez le sujet.

Alexi a eu besoin d’un peu de temps pour trouver les mots, mais elle espère que son apprentissage difficile de la santé mentale aidera les autres. « Travailler avec le New York Times a été très utile, car c’est une chose de vivre quelque chose soi-même et de sauver sa propre vie, et c’en est une autre de savoir que cette expérience donne à quelqu’un d’autre les moyens pour choisir de s’aider ».

Ainsi, à l’heure où la communauté des sportifs professionnels commence à reconnaître l’existence des troubles de la santé mentale, elle aimerait que l’on parle davantage de ce qu’il faut faire à ce sujet.

« Concernant ce qui peut être fait à ce sujet, on s’est bien souvent contenté d’accuser le rêve. On a beaucoup insisté sur le fait que les athlètes olympiques souffrent de dépression, comme si c’était la faute des Jeux, mais, en fait, je pense que j’aurais pu être préparée il y a dix ans pour que, une fois arrivée à l’accomplissement de mon grand rêve, je dispose des outils nécessaires. Je pense donc que l’idée, ici, c’est d’approfondir un sujet que l’on a très bien abordé – aller un peu plus au fond des choses ».

« Aujourd’hui, j’estime avoir le privilège et la responsabilité de faire mon possible pour changer la donne, à mon niveau. J’aimerais beaucoup aider les gens à ne pas vivre ce que j’ai vécu – tout comme, j’imagine, les gens ayant eu des blessures physiques l’ont fait il y a 20 ans. Il y a 10 ans, voir son père aller chez le psy n’était pas une chose habituelle. Aujourd’hui, tout le monde peut y aller – les enfants, les parents, votre grand-mère, les athlètes olympiques – c’est devenu normal. Les gens n’ont pas toujours pris soin de leur corps comme ils le font aujourd’hui, et peut-être pouvons-nous adopter une approche similaire pour le cerveau et la santé mentale ».

Alexi Pappas est une athlète sponsorisée par Garmin et porte une Forerunner®745 pour suivre les métriques de son corps. « C’est très utile pour comprendre ce qui se passe », dit-elle, en faisant remarquer qu’on a parfois du mal à admettre que quelque chose ne va pas. « Mais si vous obtenez des données, vous pouvez vraiment vous baser dessus, presque comme un entraîneur. Parfois, nous allons jusqu’à nos limites extrêmes, mais avoir des informations objectives, c’est super utile ». Pour en savoir plus sur Alexi et sa carrière, cliquez ici.