Une belle transatlantique

Traverser l’Atlantique. Ça faisait longtemps que nous (Tom, Sofia et Jack de Dorlodot) l’attendions. Nous y voilà enfin ! Amarré sur le ponton de la Gomera dans les îles Canaries, le voilier Search est rempli de vivres et d’eau.
Le voilier est bien préparé. Tout le matériel à bord fonctionne parfaitement. L’équipe de production qui nous accompagnera dans cette aventure est arrivée. Nous sommes prêts à larguer les amarres !

Afin d’être bien dans l’axe des Alizées, nous décidons de naviguer jusqu’au Cap Vert. Cette première étape nous permettra de nous acclimater à la vie à bord avant de passer deux semaines sur le voilier, surtout que Jack (notre bébé de 11 mois) est parmi nous. Et puis, nous rêvons de découvrir un nouvel endroit. C’est aussi une sécurité de pouvoir nous arrêter quelques jours au cas où il y aurait des petites réparations à faire.

Au cours de notre navigation vers le Cap Vert, le bateau file à une moyenne de 7 nœuds. Le vent est avec nous, il souffle fort et la houle est grande et nous pousse vers notre destination. Nous avançons en ligne droite. Les deux premiers jours qui ont suivi notre départ ont été les plus difficiles. Mal de mer et forte houle… pas toujours simple à gérer, surtout avec un bébé à bord. Heureusement, l’ambiance sur le bateau est super. Chacun participe aux différentes tâches et n’hésite pas à prendre des initiatives. N’ayant pas de réseau, les téléphones et les ordinateurs sont rangés. La place est libre pour des bonnes conversations, des jeux de tables et pour jouer avec Jack !

Terre en vue !

Sao Vicente se dessine au loin. Son grand cratère sort fièrement de l’eau. Quelle joie de découvrir un nouvel endroit après avoir passé cinq jours en mer. A bord, tout le monde déborde d’énergie. L’envie de poser les pieds sur la terre ferme est palpable. Avant d’arriver au port, une grande session de nettoyage et de rangement s’impose. Nous voulons avoir le moins de chose à faire une fois que nous serons arrivés.

Amarrés sur le ponton de la Marina de Mindelo, nous fêtons notre arrivée ! Jack aussi semble heureux de bouger enfin ses petites jambes. La pression se relâche. J’éprouve toujours un petit soulagement après une longue navigation, lorsque le bateau arrive sans aucune casse et avec son équipage en pleine forme. 

Une semaine s’écoule, nous avons eu le temps de nous reposer, d’envoyer quelques mails, de refaire les courses et même de découvrir l’île de San Antao. Cette fois, il n’y aura plus d’escale, nous allons droits vers les Antilles. La météo semble idéale. Les bateaux voisins sont, eux aussi, excités à l’idée de partir. Nous échangeons des conseils, des idées et même quelques films et des livres pour la traversée. C’est une ambiance très particulière qui se fait sentir au port. Une sorte d’excitation mélangée à un peu d’appréhension. Des questions se posent : arriverons-nous de l’autre côté sans problème avec le voilier ? Et si le vent s’accentue ou au contraire, si nous tombons sur une passe sans vent du tout ? Comment allons-nous vivre ces deux semaines à bord avec un bébé ? Une chose est sûre, nous allons mener à bien cette aventure !

La traversée commence

Nous entamons la traversée le 28 novembre en début d’après-midi. Après un dernier petit-déjeuner à terre et une dernière “vraie” douche, nous quittons la Marina de Mindelo. Depuis le pont, nous saluons nos amis. Nous reverrons certains d’entre eux dans les Antilles, d’autres ont un autre itinéraire de prévu.

Sao Vicente se fait de plus en plus petit, vers 20h, nous nous retrouvons seuls, avec l’océan qui nous entoure. Nous ne verrons plus la terre avant deux semaines.

De temps en temps nous apercevons la nuit, une petite lumière au loin. Un autre bateau qui traverse.

Le voilier garde une belle moyenne, et presque tous les jours nous avons la chance de voir les dauphins s’approcher du bateau. C’est un spectacle incroyable qui fascine Jack. Ils sont souvent une quinzaine et font des sauts dans tous les sens. La nuit, nous les repérons facilement grâce aux planctons qui s’allume à chaque passage. On dirait des torpilles fluorescentes.

Même si la journée le vent est installé, au fur et à mesure que nous nous approchons de Martinique, le soir, le vent se renforce et s’accompagne de grosses pluies. Nous nous sommes fait surprendre quelques fois. La puissance des rafales est impressionnante, dehors c’est le déluge. L’équipe s’active et on réduit la toile. Une fois le bateau réglé, nous réchauffons du thé et on se repose tout en restant attentif à des éventuels changements de vent.

La célébration

Le jeudi 12 décembre après-midi, nous apercevons la terre, après quatorze jours en mer.

Nous sommes heureux, excités et impatients de poser le pied sur la terre ferme.

Nous sommes en pleins “célébration” à bord lorsqu’une soudaine grosse rafale fait partir le voilier au lof. Elle nous rappelle que même si la fin du voyage arrive, ce n’est pas maintenant qu’il faut lâcher la concentration… Le SEARCH arrive dans la baie de Sainte-Anne à 21h30. Une fois ancré, nous poussons un grand cri de joie. Nous sommes tellement contents d’avoir vécu cette expérience inoubliable. Le lendemain, nous remplissons le réservoir de gazoil et nous rendons compte que nous n’avons consommé que 9.5 litres de diesel pour parcourir près de 4000 kilomètres… magique !