Mon spo(r)t : Thomas de Dorlodot, the sky is not the limit

L’aventurier belge de 37 ans fait partie des meilleurs parapentistes du monde. Installé depuis peu aux Açores avec sa famille, c’est au Pakistan qu’il cultive ses plus incroyables vols et aventures.

C’est un globe-trotter. Un couteau suisse de l’aventure. Un papa d’exception qui cumule les fonctions. Parapentiste, navigateur, animateur télé, apnéiste, skipper, conférencier, producteur, alpiniste et même entrepreneur. Thomas de Dorlodot a du sang d’aventurier qui coule dans les veines. « Sortir de sa zone de confort », c’est son truc. Partout, tout le temps. Récemment, il a quitté « la petite Maison Rouge » qu’il occupait à Chaumont-Gistoux, près de Louvain-la-Neuve, pour s’installer aux Açores. Un petit bout de terrain sur une île plantée au milieu de l’Atlantique, à 1.300 kilomètres des côtes portugaises. Et une maison qui prend forme petit à petit. « Nous sommes tombés amoureux de cet endroit magique. C’était comme une évidence de venir s’y installer un jour. On a un petit bateau pour emmener les enfants (Jack 3 ans et demi et Leonor, 18 mois) explorer les îles aux alentours. Il y a  beaucoup de belles choses à faire ici. A terme, un de nos projets serait de faire de l’agroforesterie, de la permaculture et du miel, et de limiter au maximum nos déplacements en avion. Pour le moment, le focus reste sur l’aventure et les découvertes, y compris aux Açores ! »

Un nouveau point de chute proche de la mer pour ce parapentiste passionné de hauts sommets et d’altitude. Tom est aussi un amoureux fou du Pakistan. « La première fois que je suis allé au Pakistan, j’avais 21 ans. J’ai tout de suite eu le coup de foudre pour ce pays. Surtout des gens qui sont terriblement ouverts, accueillants et qui ont un sens inné de l’hospitalité. Il y a, là-bas, une gentillesse rare. Partout, on vous invite à manger. Je m’y sens tellement bien que j’y ai demandé mon épouse en mariage. Nous nourrissons le projet de construire un dispensaire à Hushe, le dernier village habité de la vallée avant d’accéder au glacier et à la très haute montagne. »

Le Pakistan, et plus particulièrement le Baltistan (une région montagneuse du nord), c’est aussi une terre de montagnes, de sommets et de hauts plateaux. « Le Pakistan est au parapente, ce qu’Hawaii est au surf et l’Alaska au ski freeride. Il y a là-bas une concentration de sommets rare à l’échelle de la planète. »

K2, Broad Peak, Gasherbrum… Certains des plus beaux sommets du Karakoram et qui font partie de la liste des 14 sommets de plus de 8.000 mètres que compte la planète. « Voler là-bas, c’est un engagement extrême parce qu’il n’y a aucun droit à l’erreur. Il faut combattre le froid, parfois ressenti à -30 degrés avec la vitesse de déplacement du parapente qui dépasse les 50 km/h, et l’altitude en plus. Nous volons régulièrement au-dessus de 7.000 mètres et nous utilisons donc de l’oxygène, comme les alpinistes. Mais la plus grosse difficulté des vols en haute montagne, c’est l’impossibilité de se poser. Nous avons survolé des glaciers de plusieurs dizaines de kilomètres. Et c’est inenvisageable de pouvoir y atterrir. Malgré tout, nous emmenons toujours des vivres avec nous, une tente de survie et une corde au cas où nous devrions faire face à une situation d’urgence. Autre incontournable, mon Garmin Inreach Mini qui ne me quitte pas et qui constitue la meilleure option de système de communication par satellite. Il est ultra léger et compact. »

Cet été, Thomas et Horacio Llorens, son fidèle compagnon d’aventure, ont réalisé plusieurs premières, notamment en survolant le glacier du Baltoro (100 kilomètres en aller/retour) qui permet d’accéder aux pentes du K2, le 2e plus haut sommet de la planète (8.611 mètres). « C’est ce qu’on appelle du vol dynamique, profiter des ascendants pour rejoindre les versants de la montagne depuis le pied du glacier et puis utiliser le vent qui remonte sur les faces pour gagner en altitude. Il nous est arrivé de survoler les camps d’altitude installés par les alpinistes sur la route vers le sommet du Broad Peak. On volait à 2-3 mètres des tentes. Nous avons même aidé aux recherches d’un grimpeur porté disparu. Nous volons plus haut que les hélicoptères, qui montent rarement au-dessus de 6.500 mètres d’altitude. Notre grande fierté, c’est d’avoir réussi à filmer ces endroits depuis les airs, ce qui n’avait jamais été fait auparavant.»

Des vols de référence en haute altitude comme cette journée magique, l’avant-dernier jour de l’expédition. « Ce jour-là, les conditions étaient parfaites et nous avons réussi à voler à proximité du K2, du Gasherbrum, du Broad Peak, de la Mustang Tower et des Trango Towers. Tout ça au cours du même vol. C’était hallucinant de beauté et d’engagement. »

Un enchaînement inédit, assez logiquement baptisé « Grand Chelem » par les pilotes qui se sont promis de retourner au Pakistan dès que les conditions seront à nouveau réunies. « L’objectif sera d’y battre le record d’altitude qui est actuellement de 8407 mètres et détenu par le parapentiste français Antoine Girard. Et l’étape suivante, ce sera d’accéder au sommet du Broad Peak ou d’un sommet avoisinant, en se posant en parapente au plus près de la pointe sommitale. »

Un petit coin de paradis aux Açores, avec un regard encore bien fixé sur les cieux du Pakistan. Tom de Dorlodot n’a pas encore fini d’y repousser les limites, à la poursuite d’un record, et d’autres incroyables images à y tourner pour nous partager ces merveilles.

Thomas de Dorlodot

  • 37 ans, marié, papa de deux enfants
  • Parapentiste professionnel et skipper
  • Producteur de l’émission EXPLORE et de nombreux films d’aventure
  • 8 participations au Red Bull X-Alps, la course d’aventure la plus difficile du monde

Sa devise : « blue skies and soft landings »