Mon Spo(r)t : Maxime Richard, l’enfant de la Lesse

« La Lesse, c’est ma happy place, elle m’a vu grandir en tant qu’athlète mais aussi en tant qu’homme »

image by Antoine Sedran

Dans sa vie, Maxime Richard a peut-être passé plus de temps le dos bien calé et les jambes coincées dans sa frêle embarcation de compétition que sur la terre ferme. Des milliers d’heures à enchaîner les descentes en jouant avec la résistance de l’eau et en tentant de glisser le plus vite possible à la surface des flots. « C’est impossible à chiffrer mais je dois avoir parcouru plusieurs milliers de kilomètres sur la Lesse. C’est une rivière que je connais par cœur et qui m’a vu grandir en tant qu’athlète mais aussi en tant qu’homme. La Lesse, je l’ai vue évoluer au fil du temps. Depuis que je la fréquente, les passes ont changé, les rapides ont été modifiés. »

Une rivière vivante dont le cours évolue au fil de l’eau qui y coule. Un terrain de jeu infini et mouvant que le kayakiste dinantais a fréquenté dans toutes les conditions. « Il m’est arrivé de m’entraîner par -7 degrés. Des températures qui gênent la respiration et qui gèlent les mains. Malgré la fréquence de 80 coups à la minute, l’eau a déjà gelé dans mes pelles. J’ai d’ailleurs des souvenirs douloureux des doigts engourdis qui se réveillent sous l’effet de l’eau chaude de la douche d’après la séance d’entraînement. »

La famille Richard a toujours vécu à quelques minutes de la rivière qui s’écoule paisiblement sur près de 90 kilomètres, serpentant au cœur des Ardennes belges en direction de la Meuse qu’elle rejoint à Anseremme, à côté de Dinant après avoir arrosé certains des plus bucoliques coins et villages de Wallonie. « Sur une année, si l’on retire les stages à l’étranger et les compétitions, je navigue globalement 7 mois sur la Lesse et 5 sur la Meuse quand le niveau d’eau n’est plus suffisant. »

Maxime Richard n’a que 7 ans quand il débute le kayak au RCNML (le Royal Cercle Nautique Meuse et Lesse), le club autrefois présidé par son grand-père et où son papa distille patiemment sa science de la glisse aux jeunes recrues. « C’est mon spot, ça fait plus de 25 ans que je m’y entraîne, dans toutes les conditions et à toutes les heures de la journée. C’est une rivière qui m’a permis de posséder une bonne base technique et qui est idéale pour l’entraînement physique même si son dénivelé et sa technicité ne lui permettent pas d’accueillir des compétitions internationales. Son atout majeur, c’est les longs segments qui permettent de travailler l’endurance grâce à la résistance de l’eau. L’idéal pour l’entraînement. Quand j’enchaîne les longues sorties, je rentre parfois presque dans des phases de méditation. »

Quand l’effort et les séances de vitesse à bloc laissent place à l’échauffement et à la récupération, le quadruple champion du monde de descente de rivière (qui a également participé aux Jeux Olympiques de Londres en 2012 en course en ligne sur 200 mètres) profite de la beauté des lieux dont il ne s’est jamais lassé. « Quand je pagaie au pied du Château de Walzin, j’ai conscience que je suis un privilégié. La Lesse, c’est my happy place. Je suis quelqu’un qui ne s’attache pas à une maison mais je suis par contre viscéralement attaché à cette région. Quand je ne m’entraîne pas, il m’arrive régulièrement d’enfourcher ma moto, d’aller à Chaleux et de profiter de la vue et du bruit apaisant de l’eau. Lors des inondations de juillet 2021, j’ai véritablement été choqué par la puissance de la nature. Je n’avais jamais vu ma Lesse aussi haute et déchaînée. »

Aujourd’hui, Maxime Richard est par la force des choses devenu un ambassadeur des lieux qu’il défend ardemment face aux incivilités et aux risques de sur-fréquentation. Et qui continue à profiter de la beauté des lieux. « La sortie parfaite, c’est un entraînement en début d’une belle et chaude journée d’été quand la Lesse est enveloppée dans une légère et fraîche brume matinale. Avec les rayons du soleil qui s’efforcent de percer la végétation. Une végétation plus dense que le reste de l’année et qui rétrécit la largeur de la rivière et la perspective. Quand ces conditions-là sont réunies, je sais pourquoi je fais tous ces efforts, pourquoi j’aime pratiquer ce sport, et pourquoi la Lesse est mon spot à moi. »

Maxime Richard :